« Révisons nos classiques »
Le dernier édito de Didier Le Menestrel…Président de La Financière de l’Echiquier, publié le 14 janvier 2019.
Soyons clairs, 2018 a été une année boursière calamiteuse ! Une année difficile en réalité pour toutes les classes d’actifs liquides qui ont fini par ployer sous les différentes menaces (guerre commerciale sino-américaine, fin du quantitative easing de la Fed, volatilité des prix du brut, montée du populisme) qui ont attaqué le moral des investisseurs au fil des mois. Même les traditionnelles « valeurs refuge » n’ont pas assumé leur rôle et l’or abandonne 1,6% (en dollar) tandis que les emprunts d’Etat européens et américains peinent à rémunérer leurs prêteurs.
Sur les autres classes d’actifs, point de salut ! Le crédit aux entreprises (-2,3%), l’euro face au dollar (-4,5%), les indices européens (le CAC 40 -11%, le Dax allemand -22%, l’Eurostoxx 50 -14%) ou le pétrole (-21%) désespèrent les épargnants… Pire encore, les devises émergentes (peso argentin -50,5%, livre turque -28%), le marché chinois (Shenzen -34 % en euro) ou encore le Bitcoin (-74%) ruinent les plus aventuriers d’entre eux. « Phénomène mondial » comme le clamait le vicomte d’Homécourt de la Vibraye (Raoul pour les intimes) : même le flamboyant Nasdaq a fini par capituler avec une chute de 22% au cours des trois derniers mois.
Dans ce contexte, il est bien difficile de vous faire partager à nouveau notre foi inébranlable dans l’avenir des marchés et la valeur des entreprises… Aussi, pour bien commencer 2019, reproduisons-nous in extenso un plaidoyer de Gary Mishuris, un investisseur bostonien chevronné que nous avons découvert en rôdant sur Linkedin…
Ce matin, j’ai dit à ma femme que j’envisageais d’investir, juste après la chute des cours des semaines passées.
Elle m’a demandé : «Mais comment peux-tu être sûr que le prix de l’action ne baissera pas encore plus ? Les cours ne chutent-ils pas indéfiniment ces temps-ci ?»
Je n’ai aucune certitude.
On peut facilement se laisser hypnotiser par l’écran d’ordinateur, à scruter le déclin des courbes et des prix.
Le risque est grand d’être paralysé par la peur de perdre et de rester figé dans l’inaction.
Votre esprit vous dit : «La baisse est de x%. Elle va se poursuivre. Il suffit d’attendre encore un peu.» Je continue à scruter mes écrans, sans agir.
Je connais ce genre de situation et m’en suis déjà sorti.
Mon processus d’investissement a considérablement évolué ces dernières années, après avoir connu quelques phases de marchés baissiers, sans parler de la grande crise de 2008-2009.
Je dispose maintenant d’une méthode très rigoureuse et disciplinée que j’ai partagée avec d’autres investisseurs . Elle m’est doublement utile. Elle me sert de guide pour me rappeler ce que je dois faire sous la pression, et m’oblige à la plus grande logique de raisonnement afin de ne pas céder au chant des sirènes de la peur et de ne pas agir de manière irrationnelle.
J’ai pris ma décision hier soir, après avoir à nouveau calmement analysé le dossier, ses fondamentaux et considéré diverses alternatives.
Ce matin, j’ai acheté les actions.
Je ne sais pas quel prix elles vaudront à court terme.
Je crois, en me basant sur le raisonnement et l’analyse, que la valeur excède vraiment le prix et que le risque de baisse même dans le pire des scénarios est faible.
C’est le mieux que je puisse faire.
Comme Benjamin Graham l’a formulé avec justesse : «A court terme, le marché est une machine à voter ; sur le long terme il devient une machine à peser.»
Saluons ces propos intemporels pleins de bon sens et de sagesse qui rappellent, à leur façon, les règles d’or de l’investissement à long terme. Les marchés financiers médiatisés ne reflètent que le temps court et la recherche du « dernier petit sou ». En aucun cas, une stratégie d’investissement valable pour 2019 !
Didier Le Menestrel